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De l'est à l'ouest, regards sur le cinéma asiatique
28 février 2009

Shiri

shiri

Réalisateur : Kang Je-Guy
Pays : Corée du Sud
Année 1999
Durée : 125 mins
Genre : policier
Acteurs : Han Seok-Kyu, Choi Min-Sik, Song Kang-Ho, Kim Yun-Jin

 

  1998, les dirigeants de la Corée du Sud et de la Corée du Nord tentent un rapprochement des 2 pays par le biais d'un match de foot...Lee et Ryu, sont des agents des services secrets de Corée du Sud. Ryu s'apprète à convoler avec Hyeon qui ne sait cependant rien de son métier. Ils traquent Hee, une redoutable tireuse d'élite nord-coréenne, qui a fait son retour après 2 ans de silence, celle-ci qui a toujours une longueur d'avance sur les agents spéciaux, semble en avoir après le CTX, un produit explosif mis au point par le ministère de la défense...

  Pour comprendre le film, il faut d'abord se remémorer l'histoire tragique de la Corée :
Le Japon envahit la Corée en 1905. Le Pays du Matin Calme devient une colonie du Pays du Soleil Levant. En 1945 les japonais sont chassés par les Alliés et le pays est administré par l'URSS au nord et les USA au sud. En 1950 la guerre civile éclate, la Corée devient le jouet de la guerre interposée entre les USA et l'URSS. Trois ans plus la séparation est entérinée, le nord devient la république démocratique populaire de Corée et le sud la république de Corée.

  C'est d'ailleurs par ce rappel historique que débute le film, avant d'être happé par une scène d'ouverture hallucinante de violence montrant l'entrainement sans pitié sur des prisoniers d'un comando nord-coréen dont fait partie la fameuse Hee. C'est donc avec un impression de malaise que l'histoire prend place. Cepandant la suite du film montre que la 1ère scène n'est absolument pas représentative du film puisqu'on assiste à un thriller d'action assez classique qui pourrait être américain. Doté du plus gros budget à l'époque pour un film coréen (largement depassé depuis par Frères de sang), cela se voit à l'écran, les scènes d'action sont bien réalisées et le film se dote d'un gros casting : Choi Min-Sik (Old Boy), Song Gang-Ho (Memories of murder) et Kim Yun-Jin (de la série Lost) entre autres confèrent à leur personnages toute la profondeur nécessaire. Le film n'est pourtant pas exempt de lenteur et de scènes longues, la romance entre Kyu et Hyeon peut paraitre inutile et on se demande où ils veulent en venir avec ces histoires de poissons revenant sans cesse, la suite nous l'expliquera. Mais il faut d'abord afronter le sénario linéaire, sans suspence ni surprise jusqu'a la grande révélation du film (mais qui est Hee ?) qu'on voit venir de loin avec ses gros sabots et dont on a envi de prévenir les agents tellement c'est évident.

  Pourtant cette "révélation" se révèle être le tournant du film, là où il prend toute sa dimension et montre ce qu'il est : un drame humain sur la situation de la Corée. Humains, les méchants nord-coréen le sont, ils sont attristés par les pertes des leurs, et en une seule scène le manichéisme apparent au début du film est balayé lors d'un discour fort en émotion du personnage "méchant" de Choi Min-Sik, le comando nord-coréen n'agit pas par profit personnel ou sous les ordes de leurs dirigeants, non ce qu'ils souhaitent est juste que leurs compatriotes arrêtent de mourrir de faim alors que le Sud a de quoi les aider, ils veulent la réunification d'un seul peuple, des frères injustement séparé par les aléas de l'histoire. Mais la lutte parait hardue quand le nord et le sud sont confrontés, la dualité du pays est tellement entérinée que les maigres tentatives de deux états de se rapprocher (symbolisé dans le film par un match de foot Corée du Sud - Corée du Nord) ont l'air vaines et inapropriées. La déchirure est bien trop pronfonde, elle est au coeur même de chaque coréen, personifiée dans le double visage de Hee, partagée entre la lutte pour la Corée et sa nouvelle vie, deux parties d'un même pays. Certe à la fin le héros gagne, mais la victoire aparait tellement amer face au drame personel qu'il a vécu et à la vision pessimiste qu'on peut avoir du futur de la Corée. Et les poissons, notament les kissingiramis dont on voit tout au long du film dans tout ça ? Eux aussi ils sont un symbole de la Corée, quand ces deux poissons sont ensemble ils ne cessent de se battre mais quand l'un meurt l'autre meurt de solitude. Un peu comme deux personnages du film.

NB : ce film sorti en 1999 a lancé la nouvelle vague du cinéma coréen après la suppression de la censure en 1997.

NB² : sur le même thème on peut aussi voir les films J.S.A. de Park Chan-Wook et Frère de sang (même si ce dernier est beaucoup moins réussi)

Note : 8/10

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